Serait-ce le grain de sucre apte à faire déborder le vase des colères et difficultés ? C'est la crainte exprimée par les Syndicats du Chocolat, des Confiseurs, des Biscuits, Gâteaux et Panifications et des Céréales du petit-déjeuner (réunis au sein de l'Alliance 7) dans un communiqué publié la semaine passée, rejointe depuis par la Fédération des Entrepreneurs en Boulangerie (FEB).
Les organisations représentatives pointent les "très lourdes conséquences" d'une potentielle taxation des produits sucrés, laquelle serait "totalement inadaptée aux réalités des professionnels du secteur". La mesure a été adoptée ce mercredi 23 octobre 2024 en Commission des Affaires sociales, et doit maintenant être débattue en séance publique à l'Assemblée nationale.
Un nouveau coup dur pour la boulangerie-pâtisserie
Par effet de ricochet, cette nouvelle réglementation toucherait les boulangers-pâtissiers, ces derniers transformant de nombreuses matières premières intégrant du sucre, en plus d'utiliser cet ingrédient brut au sein de leurs recettes. Elle viendrait amplifier la hausse brutale des prix observée du côté du cacao/chocolat, du beurre ou encore des oeufs, plaçant les entreprises dans des situations économiques fragiles, peu importe leur taille. Selon la FEB, la hausse de prix sur les viennoiseries et pâtisseries avoisinerait les 10%.
Si la mesure génère un coût supplémentaire pour le secteur privé, elle répond à un besoin de ressources pour l'Etat -confronté à une nette dégradation des comptes publics- et pourrait générer des externalités positives.
En augmentant mécaniquement les prix de vente des produits sucrés, la taxe serait à même de dissuader des actes d'achat, réduisant ainsi le poids des pathologies telles que les cancers, l'obésité -47,3 % des Français seraient en situation de surpoids ou d’obésité- ou le diabète. Une approche balayée par la FEB, qui soutient que les produits de sa filière sont consommés avec modération. "Les français doivent pouvoir se réconforter de temps en temps à un prix abordable !", résume l'organisation.
L'exécutif incertain quant à la position à adopter face à cette taxe
La ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a ainsi annoncé son soutien à la mesure... alors même que son homologue sur le périmètre de l'agriculture l'a réprouvée. De son côté, les Syndicats du Chocolat, des Confiseurs, des Biscuits, Gâteaux et Panifications et des Céréales du petit-déjeuner mettent en avant "les efforts de [leurs] entreprises engagées depuis des années pour améliorer la qualité de l’offre", autant que la nécessité de placer "l’éducation au mieux manger" au rang d'"axe prioritaire à investiguer".
L'Association nationale des industries alimentaires (Ania), présidée par Jean-François Loiseau, à laquelle adhèrent ces organisations, a quant à elle sollicité un rendez-vous d'urgence avec le premier ministre pour défendre la filière gourmande. Selon les estimations de l'Alliance 7, près de 10% des effectifs d'une TPE / PME seraient menacés si cette nouvelle taxe venait à être définitivement adoptée par le Parlement. La FEB se veut, quant à elle, plus pessimiste "L'avenir des entreprises de Boulangerie qui nourrissent les Français au quotidien et représentent une vitrine mondiale de notre savoir-faire, ne doit pas être compromis par une taxe supplémentaire aux effets injustes.".